Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments, et comment il peut parfois avant toute réclamation donner des avis qui mettent sur la piste d’une escroquerie, d’un crime même, — témoin tous les bandits qui ont pillé chez M. Deguerry et qui n’ont été soupçonnés, arrêtés, convaincus, condamnés, que grâce à sa sagacité, — comment, en se protégeant lui-même, il fait acte de protection pour la société tout entière, c’est ce que je ne me sens pas le droit de raconter, car il ne faut pas dire au renard où l’on place le piège qui l’attend.

Ce que je puis affirmer sans péril, c’est que j’ai vu fonctionner ce service aussi simple qu’ingénieux, qu’il produit d’excellents résultats, et qu’on ne saurait trop le développer. Il a cela de remarquable que, tout en regardant de fort près vers les emprunteurs véreux, il ne s’occupe jamais des emprunteurs honnêtes, auxquels le Mont-de-Piété assure, par son organisation même, toutes les conditions imaginables de discrétion et de sécurité. Si l’on arrivait à débarrasser le Mont-de-Piété des chineurs, des piqueurs d’once, de tous les médiocres filous qui le harcèlent, lui donnerait-on l’ampleur et la liberté d’action dont il a besoin pour remplir le but d’utilité générale qui est sa véritable raison d’être ? Non ; ces industriels retors ne sont pas un danger, ils sont à peine un ennui. On remarque parfois dans sa marche une certaine oscillation, on en cherche la cause, et l’on ne s’aperçoit pas qu’il n’a aucune base, qu’il ne s’appartient pas, et qu’avant tout il faut le rendre à lui-même.

Une seule chose est à considérer, l’intérêt du public ; toute autre préoccupation doit disparaître devant celle-là. Or, pour bien se rendre compte de la situation respective de l’emprunteur et du prêteur, il faut voir combien le public paye l’argent qu’on lui avance : au Mont-de-Piété, 9 pour 100, — au commissaire-priseur 1/2 pour