Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/76

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une subvention extraordinaire, c’est à désespérer de l’avenir. Il ne faut pas liarder en présence d’un tel péril ; l’argent ainsi dépensé rapportera de gros intérêts qui, bien employés, formeront le capital intellectuel de la France.

En ce qui touche l’enseignement primaire, Paris ne grèvera en rien le budget de l’État. Notre grande ville, si injustement calomniée parfois, est une mère inépuisable pour ses enfants ; elle sait qu’elle a charge d’âmes, et, si elle suit l’impulsion qu’elle s’est donnée à elle-même, elle offrira un exemple admirable. Elle ne demande rien au gouvernement ; elle se suffit, et pour qu’on puisse regagner le temps perdu, elle tient sa caisse toute grande ouverte. Les instituteurs et les institutrices ont des émoluments qui leur permettent de vivre, les écoles sont très-bien outillées, le service si important de l’inspection fonctionne sans relâche, et les desiderata que nous aurons à signaler tiennent à un ordre de choses imposé par la configuration même de Paris et par l’inégale répartition de sa population dans les différents quartiers.

La gratuité dans nos établissements scolaires est absolue et ne souffre point d’exception ; non-seulement on n’exige aucune rétribution pour l’enseignement, mais on fournit aux élèves le papier, l’encre, les plumes, les livres, les modèles d’écriture et de dessin, les cartes géographiques et tous les objets qui peuvent être utiles aux démonstrations des instituteurs[1]. On ne saurait

  1. En l’absence d’une loi prescrivant l’obligation, la gratuité est excellente ; elle sollicite les parents et les encourage à envoyer leurs enfants à l’école ; il n’y a donc actuellement que des éloges à donner à cette mesure. Mais si l’obligation se trouvait enfin imposée par un acte législatif, la gratuité indistincte, telle qu’elle est pratiquée à Paris, me semblerait un excès, sinon un abus. L’obligation implique la gratuité pour les indigents : cela suffit. Le principe de la gratuité générale et absolue me parait naître d’un sentiment peu élevé ; faire payer l’État pour tous, afin que ceux qui ne peuvent payer ne soient point humiliés, c’est de la mau-