Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/106

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une proportion bien médiocre dans ce douloureux nécrologe ; en tout 6 083, dont 2 625 pour la période de l’investissement et 3 448 pour celle de la Commune.

Ce dernier chiffre cependant n’est pas exact ; la statistique n’a pu se servir que des documents qui étaient mis à sa disposition, et elle ne les a pas eus tous. Les décès survenus par suite de faits de guerre pendant l’investissement ont été régulièrement enregistrés ; le total accusé touche la vérité d’aussi près que possible ; mais il n’en est plus ainsi pour les journées de mai ; on tuait partout, on enterrait au hasard, — sur les quais, — sur les bastions, — dans les terrains vagues. On ne se préoccupait guère de constatation ; un cadavre gênait, on l’enfouissait quelque part. La statistique n’a donc pu compulser des bulletins de décès qui n’existaient pas, car la salubrité publique, compromise par tant de foyers d’infection dispersés dans la ville, eut des exigences auxquelles il fallut se soumettre. Tous ces morts furent inhumés sans mandats, c’est-à-dire sans une seule des formalités justificatives qu’impose l’état civil. Ces décès, — anonymes pour la plupart, — n’ont donc point été recueillis et ils ne figurent pas sur nos tables mortuaires. J’en dirai le nombre ; il est considérable et grossit le total officiel dans des proportions douloureuses.

M. Alfred Feydeau, inspecteur général des cimetières, — fonctionnaire actif, intelligent et dont la tâche est souvent bien lourde, — fut chargé du pénible labeur d’arracher à leur sépulture provisoire ceux que l’on avait cachés sous quelques pieds de terre dans nos squares, dans les caves des maisons en construction et ailleurs ; il eut à les réunir aux morts que des fourgons, des charrettes, des tapissières, avaient été verser en tas dans nos champs de repos, et il fit creuser pour tous, vaincus ou vainqueurs, — une tombe convenable