Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/130

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rains vagues. On recommande à la police, à la prévôté de Paris, aux juges du Châtelet, d’être attentifs à réprimer de tels scandales. Les plus grands personnages se mêlèrent de ce genre d’espionnage, et Monsieur, « frère du roy, » dénonce à Louis XIV « qu’il vit, il y a quelque temps, passer dans la rue Saint-Honoré pendant la nuit un chariot couvert de blanc, dans lequel on prétend qu’estoient les corps de ceux de la R. P. R., lesquels on va enterrer dans un cimetière près du Roulle. » Une autre dénonciation apprend qu’on les inhume aussi dans un jardin près des Gobelins.

La Hollande, le Danemark, l’Angleterre réclamèrent diplomatiquement un lieu de sépulture pour les protestants de ces nations qui mouraient à Paris. On accorda 276 toises, dont 31 occupées par les constructions, rue de la Voirie, dans le haut du faubourg Saint-Martin. Pendant le dix-huitième siècle on était plus tolérant, et les protestants régnicoles purent être inhumés auprès des protestants étrangers ; mais une certaine crainte ou le besoin de mystère naturel à l’homme subsistait encore, car les réformés avaient un champ de sépulture secret au port au Plâtre, qui est devenu le quai de la Râpée. C’était un chantier dont l’emplacement est délimité aujourd’hui par le quai de la Râpée, la rue de Bercy, la rue Traversière et la rue Villiot. Ce cimetière semble avoir été réservé de préférence aux personnages importants et riches du protestantisme installés ou tolérés à Paris. Parmi les noms de ceux qui furent conduits au port au Plâtre, il s’en trouve qui ne sont ni oubliés ni éteints : de La Boulaye, Soubeyran, de Brissac, Say, Delessert, Mallet, Perrégaux, Necker, de Witt, Thelusson, Tronchin, de La Baumelle.

Ces distinctions entre communions hostiles n’ont heureusement plus aucune raison d’être aujourd’hui ; les