Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/139

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auraient été convertis en nécropole ; on y eût construit un temple pour les tombeaux des rois, une galerie pour ceux des princes du sang et des principaux seigneurs du royaume, une enceinte réservée aux hommes illustres ; on y eût trouvé en outre six pyramides, deux mille chapelles pour des concessions à perpétuité, treize fosses publiques et un terrain « en forme de champs élysées » où l’on aurait pu faire élever des tombes « pittoresques ». Labrière offrait aussi d’édifier auprès de ce cimetière « un chartrier considérable, voûté, bâti en pierres de taille et en briques, précédé de trois portes de fer de distance en distance pour empêcher que le feu, quelque terrible qu’il pût être, n’y pénétrât jamais. » C’est dans cette construction incombustible que l’on eût réuni les papiers de famille et les actes de l’état civil : singulière prévision, que les incendies du mois de mai 1871 ont justifiée. Le projet de Labrière fut repoussé, et, quand bien même il eût été adopté, la chute de la royauté l’aurait mis à néant[1].

La Révolution en dépossédant l’Église lui enleva les cimetières, dont la propriété fut transférée à l’autorité municipale. Les cimetières, considérés comme biens du clergé, furent décrétés biens nationaux et mis en vente ; mais la loi du 15 mai 1791 prend à cet égard des précautions indiquées par les plus simples notions d’hygiène et, avec une expression brutale, elle dit : « les cimetières ne pourront être mis dans le commerce qu’après dix années à compter des dernières inhumations. » On arrivait pourtant à cette heure de fièvre chaude où la guillotine, en permanence sur nos places publiques, allait exiger pour elle seule la création de cimetières supplémentaires, dont un, devenu propriété

  1. Mémoire sur la nécessité de mettre les sépultures hors de la ville de Paris, par le sieur Labrière, architecte de Monseigneur le comte d’Artois. S. L. N. D. — Brochure de huit pages et deux planches gravées.