Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/177

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tifs. Du 1er  au 7 décembre 1873, on a compté le nombre des convois et des individus qui sont entrés dans les cimetières parisiens : 752 convois escortés par 21 418 personnes en ont franchi les portes, et 46 617 visiteurs sont venus près de la tombe de ceux qu’ils ont perdus. Les cinq premiers jours ont été brumeux ; le lundi cependant accuse 6 837 visiteurs ; le temps se met au beau le samedi, se maintient le dimanche, et ce dernier jour donne un total de 24 320. Il faut compter qu’en moyenne le nombre des visiteurs quotidiens est de 8 964 en hiver et de 11 245 en été ; mais cette moyenne est dépassée dans d’énormes proportions à certaines époques solennelles : à la fête de la Toussaint, par exemple, et au jour des Trépassés, qui la suit. Dans la même année 1873, il plut pendant ces deux journées, et le chiffre des personnes qui visitèrent les morts de nos cimetières a dépassé 370 000. Le danger d’un tel encombrement d’individus s’entassant dans une gare à la même heure, voulant tous partir par le même train, a de quoi effrayer les employés les plus actifs ; ce danger ne se produira pas immédiatement, car le nombre des visiteurs est en rapport avec celui des morts enclos dans les cimetières, et Méry-sur-Oise ne « se peuplera » que lentement ; mais le meilleur moyen de n’être pas pris au dépourvu en présence d’une telle foule possible, c’est de savoir dès à présent comment on pourra lui faire place dans les wagons, la conduire jusqu’à la nécropole et l’en ramener.

Ce respect pour les morts, cette sorte de culte que l’on rend à leur mémoire, est un des caractères distinctifs du peuple de Paris : coutume léguée par l’antiquité, croyance religieuse, souvenir de tendresse pour des êtres chéris ? Tout cela sans doute se réunit pour former ce sentiment qu’il est impossible de ne pas remarquer lorsque l’on parcourt nos cimetières, où les