Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/187

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Italien, autrefois nommé les Bouffes ou les Bouffons.

Il semble que l’art dramatique, — j’entends l’art littéraire, — ait touché en France son point culminant sous le règne de Louis XIV, avec Molière, Corneille et Racine. Deux hommes de génie et un auteur d’un incomparable talent ont laissé des chefs-d’œuvre qui n’ont point fatigué la curiosité publique pendant deux siècles, et que nul de leurs successeurs n’a pu encore égaler. Lorsque, de nos jours même, l’on veut assister à une fête de l’esprit, c’est à eux que l’on va en demander les éléments. Mais, en revanche, jamais l’art théâtral, l’art qui consiste à donner aux fictions les apparences de la réalité, à peindre le décor jusqu’à l’illusion, à faire produire à la mécanique des prodiges que l’on croyait impossibles, à mouvoir les « trucs », à donner à la lumière un rôle inconnu jusqu’alors ; jamais cet art, qui affirme nos progrès matériels, n’a été poussé aussi loin, aussi haut. On rirait aujourd’hui des fameuses machines que Richelieu fit venir d’Italie en 1637 pour les fêtes de Rueil.

Des jeux de paume, le réfectoire d’un couvent, la grand’salle du Palais, suffisaient autrefois ; des chandelles plantées dans des lustres en bois, quelques bougies de cire aux jours de gala tenaient lieu des gerbes éblouissantes, des flots de lumière auxquels nous sommes accoutumés. Nos théâtres sont d’immenses constructions où se meut un peuple de machinistes et d’employés. Dès qu’un théâtre est machiné, c’est-à-dire disposé pour recevoir de grands décors et opérer des changements à vue, l’emplacement nécessité et l’outillage indispensable prennent des proportions que jamais on n’eût osé rêver jadis. Cela ressemble à un vaisseau à trois ponts.

Sous la scène où s’agitent les acteurs, voici les trois dessous superposés, séparés les uns des autres par une