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papiers de Voyer-d’Argenson, les incunables, les exemplaires uniques qui ont brûlé dans le pavillon du Louvre.

La Bibliothèque nationale s’est lentement formée par adjonctions successives ; elle n’a commencé à prendre le développement prodigieux auquel elle est parvenue que depuis 1724, lorsqu’on lui donna l’hôtel de Nevers ; elle y fut resserrée pendant un siècle et s’empara de l’hôtel Mazarin dès que le trésor public eut quitté celui-ci, en 1827, pour prendre possession du ministère des finances de la rue de Rivoli. La Bibliothèque devrait être agrandie aux dépens de quelques maisons particulières qui subsistent encore rue Vivienne, afin d’être complètement isolée, comme il convient à un palais plein de si rares merveilles ; espérons qu’un effort intelligent du budget lui procurera un jour l’ampleur et la sécurité qui lui manquent pour être irréprochable.

Comme un territoire, la Bibliothèque Richelieu est divisée en départements qui se complètent, s’entraident ; et dont chacun vit sous la direction spéciale d’un conservateur, soumis à l’autorité d’un conservateur administrateur qui surveille l’ensemble des services de la Bibliothèque entière. Il n’y a pas que des livres, des imprimés, comme on dit en langage technique. Dans une galerie construite autrefois par Mansart et plus obscure parfois qu’il ne faudrait, le département des estampes forme une collection iconographique intéressante et très-nombreuse, où la seule division des portraits renferme plus de 400 000 pièces. Le département des médailles est fait pour éblouir ; on dirait que toutes les nations et tous les temps se sont cotisés pour composer ce trésor incomparable où les pierres gravées, les gemmes, les médailles, les monnaies, les vases peints, les ivoires, les verreries, les bronzes, disposés