Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/221

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Le petit-fils un grand poltron.
Oh ! la belle famille
Que je vous plains, pauvres Français
Soumis à cet empire !
Faites comme ont fait les Anglais,
C’est assez vous en dire.


Le conseil ne fut pas perdu, et l’échafaud de Louis XVI se dresse, dans l’histoire, à côté de celui de Charles Ier. Ne soyons pas trop sévères pour nos contemporains, nos pères n’ont pas été beaucoup plus sages que nous.

Dans cette question du journalisme, il faut être d’une bonne foi absolue, faire impartialement son examen de conscience et reconnaître que ceux qui crient le plus fort contre le rôle de la presse sont ceux-là mêmes qui ont aidé à le développer. Si l’on n’achète pas, si l’on ne lit pas ce que l’on appelle les mauvais journaux, il est bien certain qu’ils disparaîtront. Qui donc, aux dernières années du second Empire, a fait le succès de la Lanterne, si ce n’est la bourgeoisie qui s’en disputait les numéros, les lisait avec passion et, par le succès qu’elle lui faisait, poussait l’auteur dans la voie où il s’est perdu ? Les écrivains sont coupables, j’en veux convenir ; mais les lecteurs qui s’engouent de leurs œuvres le sont autant qu’eux. Le bon moyen de forcer les mauvaises voix à se taire, c’est de ne pas les écouter. Sous la Restauration, M. de Villèle, chef du ministère, fit effort pour engager le Drapeau blanc, journal ultra royaliste, à être moins âpre et moins acerbe. Le rédacteur en chef n’était autre que ce farceur de Martainville, auteur de Grivoisiana et du Pied de Mouton ; il refusa net d’adoucir le ton de sa polémique et répondit à M. de Villèle lui-même : « Il faut croire que j’ai raison, car plus mes articles sont violents, plus le Drapeau blanc gagne d’abonnés. » Il est à remarquer que ce n’était pas l’opposition que Martainville attaquait, c’était