Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/234

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quelle on les a réservés, pour certains cas prévus, au service de guerre, a été une mesure précipitée, peu réfléchie, et prise évidemment pour plaire à l’opinion publique, qui, surexcitée outre mesure en présence de nos défaites, avait rêvé de faire de la France un immense camp retranché où tout le monde eût marché au son du tambour. À ce rêve, à nos besoins, le service obligatoire répondra directement lorsqu’il sera enfin permis de le faire fonctionner. Mais 1 500 hommes, accoutumés à agir isolément par groupes de trois ou quatre, ayant une instruction militaire imparfaite, ne seront jamais qu’un secours insignifiant lors d’un conflit général, tandis qu’ils sont appelés à rendre d’inappréciables services, si on les confine dans l’œuvre de salut où ils peuvent facilement exceller. Qu’on leur laisse le sabre pour affirmer leur réglementation militaire ; et s’ils continuent à appartenir au ministère de la guerre, que ce soit comme les gendarmes, sans limite pour le temps de service ; ils auront ainsi la possibilité de se parfaire en leur art, de parvenir aux grades d’officier, et de se réserver exclusivement pour lutter contre le péril dont si souvent ils ont été vainqueurs, et qui est surtout à craindre dans les grandes cités.

Il y aurait mieux à faire, et les pompiers, qui sont avant tout des agents de la municipalité, devraient être assimilés aux gardiens de la paix. Répandus, comme ceux-ci, dans des postes multipliés, au milieu de nos arrondissements, armés du pouvoir de déclarer procès verbal aux habitants qui, par leur imprudence, peuvent créer des causes d’incendie, encouragés par une haute paye, ayant droit à une pension après vingt-cinq ans de service, recrutés par la préfecture de police, qui saurait bien en trouver parmi les couvreurs, les fumistes, les maçons et les charpentiers, ils seraient réellement les soldats du feu, et rendraient au centuple à la Ville