Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/273

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servir de parrains à toutes nos rues ; ils suffisent, on peut les utiliser, et l’on doit s’opposer, par tous moyens, à ces modifications qui le plus souvent sont ridicules lorsqu’elles ne sont pas odieuses. Montmartre ne s’est-il pas appelé Mont-Marat après l’acte de Charlotte Corday ? Si la conspiration du 17 août 1820 n’avait pas avorté, si la révolution de 1830 avait eu lieu dix ans plus tôt, nous aurions peut-être eu la rue Louvel — pendant huit jours. Cette maladie de changer le nom des rues selon les circonstances n’est point nouvelle ; M. Leroux de Lincy, dans son Histoire de l’Hôtel-de-Ville, a cité une ordonnance royale, datée de Chartres, 1er août 1588, par laquelle Henri III enjoignait de restituer aux quartiers de Paris leur dénomination usitée. Les Seize avaient jugé à propos d’infliger leur nom aux seize quartiers qui déjà représentaient les divisions urbaines. Ce mode de diviser Paris est fort ancien et remonte à l’an 1383, après les agrandissements qui furent faits à cette époque ; en 1642, on créa un dix septième quartier ; trois nouveaux y furent ajoutés en 1702 ; la loi du 8 pluviôse an VIII (17 février 1800) détermina douze arrondissements et quarante-huit quartiers ; depuis le 1er janvier 1860, à la suite de l’annexion de la banlieue, Paris compte vingt arrondissements, divisés en quatre-vingts quartiers. Cette division n’est point définitive, mais elle subsistera tant que Paris n’aura point rompu le mur de fortifications qui l’enserre aujourd’hui, comme il a successivement brisé toutes les enceintes dans lesquelles on a voulu l’enfermer.

Non-seulement les travaux exécutés sous la direction de M. Haussmann ont donné à Paris des facilités de communication et une salubrité qu’il ne connaissait pas jadis, mais ils ont eu pour but d’apporter aux Parisiens des bienfaits d’un ordre plus élevé. On a construit de nombreuses écoles communales, des maisons de se-