Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/275

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dans les 42 temples que renferme Paris[1] ; 23 434 juifs ont à leur disposition la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth et le temple israélite portugais ; les 1 572 musulmans et bouddhistes qui vivent parmi nous n’ont point de lieu de prières ; mais, à l’aide d’une boussole, les premiers ne sont point embarrassés pour trouver leur Kebla, et les autres peuvent facilement acheter une statuette de Cakya-Mouni : il n’en manque pas chez nos marchands de curiosités ; 13 905 individus ont déclaré ne pratiquer aucun culte, et 11 041 admettent des croyances qu’il a été impossible de déterminer.

Nulle religion ne meurt : si vieille, si détruite qu’elle soit, il se trouve toujours une âme fervente qui l’adopte et qui s’y soumet. Il existe encore des gens qui croient à Lililh et à Naéma comme au temps des Albigeois ; de mystérieux anabaptistes cachent leur foi et communient en secret ; au solstice d’été, quelques hommes se réunissent, avant le jour, sur l’une des collines qui environnent Paris ; ils ont le front ceint de bandelettes comme des sphinx égyptiens ; au moment où le soleil apparaît, ils se prosternent, invoquent Apollon Épicurius et chantent l’hymne d’Orphée : « Exauce-moi, bienheureux qui vois éternellement toutes choses ! » Les matelots ne font-ils pas encore des libations à la mer, comme au temps d’Ulysse et des Argonautes ?

C’est Bonaparte, premier consul, qui rouvrit les églises et y ramena le culte que la Révolution en avait chassé. Si l’on en croit les témoignages historiques de Desmarets, il fit faire une enquête secrète et très-détaillée sur l’état des superstitions en France. Il fut étonné du nombre de gens qui croyaient aux sortilèges, aux lutins de toute sorte, aux démons de toute espèce, et dès lors le Concordat fut résolu. Il tint bon contre les

  1. 10 temples luthériens, 11 calvinistes, 8 libres, 3 méthodistes, 10 baptistes.