Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/28

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teur paye, et, en échange de la somme exigée, est muni d’un reçu qui lui sert de décharge.

Ce reçu, il le garde, mais il doit remettre au brigadier commandant la roulette active le bulletin libellé par l’agent du contrôle. Le brigadier désigne alors deux préposés, deux hommes du pavé, comme on les nomme, pour visiter la voiture et vérifier le chargement. Si la déclaration est reconnue exacte, le chemin est libre ; si elle est soupçonnée d’être vicieuse, la voiture est déchargée, les sacs, ou les ardoises, ou les vitres, sont comptés, la viande est pesée, le bois est mesuré, et parfois il y a lieu à procès-verbal. Si la voiture contient des tonneaux de vin, chaque tonneau reçoit un coup de forêt et l’un des préposés goûte le liquide afin de voir s’il ne contient pas plus d’alcool que de raison ; si l’on a affaire à des trois-six, on les pèse à l’alcoomètre de Gay-Lussac. Les opérations de visite sont terminées, la lourde voiture s’ébranle et franchit la barrière. Alors le brigadier jette le bulletin des jaugeurs dans une boite de fer fermée à clef qui est accrochée à la muraille extérieure de la roulette. Donc la jauge reçoit la déclaration ; la recette encaisse la somme due ; le pavé vérifie la matière. C’est là un excellent contrôle ; mais il ne suffit pas.

Toutes précautions sont prises cependant ; les employés de la déclaration et ceux de la recette sont dans des pièces séparées ; ils ne se communiquent point leurs écritures, qui doivent concorder ; deux préposés, désignés au hasard par le brigadier, examinent le chargement, le brigadier lui-même y donne le coup d’œil rapide et sûr d’un homme qui, comme on le dit vulgairement, a le compas dans l’œil ; mais, toutes les fois qu’il est question de la fortune publique, on ne saurait s’entourer de trop de garanties. Celle que l’administration de l’octroi a imaginée pour déjouer toute tentative