Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/280

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fuser à accepter l’infaillibilité directe du Pape et les pousse à rester avec les « vieux catholiques ».

On s’est fort moqué des moines et des religieuses autrefois ; les fabliaux, les contes, les romans ne les ont point ménagés, et sur le portail de plus d’une église antérieure à l’invention de l’imprimerie, l’on peut voir à quel degré de hardiesse la satire s’était élevée contre eux. Ils ne furent point toujours impeccables, et pendant la Ligue, à ce moment où le catholicisme est atteint d’une sorte de frénésie maladive, l’Estoile a écrit, sans outrager la vérité : « On ne voyoit autre chose, au palais et partout, que gentilshommes et religieuses accouplés, qui se faisaient l’amour et se leschoient le morveau ; portantes lesdites religieuses, sous le voile qui seulement les distinguait, vrais habits et façons de courtisanes, étant fardées, musquées et poudrées ; aussi vilaines et desbordées en paroles comme en tout le reste[1]. »

Ceci est bien réellement de l’histoire ancienne, et pareil scandale ne pourrait se produire aujourd’hui ; les mœurs religieuses ne sauraient le concevoir et les mœurs publiques ne le toléreraient pas. Bien des couvents étaient célèbres pour les friandises qu’on savait y confectionner : les carmélites avaient grande réputation pour les sucres tors ; d’autres faisaient métier d’apothicaires et distillaient des simples ; l’eau de mélisse et l’eau anti-apoplectique rappellent le souvenir des Carmes et des Jacobins ; de nos jours, on a parlé des « ordres liquoristes », qui fabriquent la chartreuse, la bénédictine, la trappistine. Ce sont là des exceptions, et le clergé régulier vit, en général, humble et renfermé, sans ouvrir de débits de boissons dans les communautés qu’il habite.

  1. Collection Petitot, t. XLVI, p. 536 ; 8 décembre 1593.