Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/321

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pendant de celui du dernier des Valois. « Il souffle un vent de vertige qui se répand partout », disait madame de Maintenon, impuissante à combattre tant de mal. La régence du moins fut un retour à la nature : c’est le mot de Michelet.

Il faut écouter la Palatine et les cris qu’elle pousse ; elle était aux premières loges, du reste, pour bien voir et tout savoir ; mère du régent et habitant le Palais-Royal, elle vivait au centre même d’une débauche qui l’épouvantait : « Jamais rien de pareil ne s’est vu à ce qu’est la jeunesse d’à-présent ; les cheveux en dressent sur la tête ; je m’étonne que Paris n’ait pas encore été englouti en punition des choses affreuses qui s’y commettent ; toutes les fois qu’il tonne, j’ai peur pour cette ville. » On ne sait quelle cruauté malsaine se mêlait au plaisir et semblait lui donner une acuité plus vive ; que l’on se rappelle l’horrible plaisanterie que le comte de Charolais — une bête brute — fit subir à madame de Saint-Sulpice ; la pauvre femme en mourut ou peu s’en faut ; son oraison funèbre fut une chanson[1]. Les plus hauts personnages n’étaient point exempts de ces fantaisies maladives qui font croire à un trouble mental : un soir, à Versailles, malgré la présence du vieux roi, on avait eu grand-peine à empêcher le duc de Bourgogne de glisser un pétard enflammé sous le siège de la princesse d’Harcourt qui jouait au piquet. Les femmes, au moins, allaient-elles à franc visage,

  1. Le recueil de Maurepas l’a conservée et bien d’autres sur le même sujet que l’on ne peut citer ; il est déjà hardi de donner le premier couplet :

    Le grand portail de Saint-Sulpice
    Où l’on faisait si bien l’office
    Est détruit jusqu’au fondement.
    Quelle rigueur ! quelle injustice !
    Les Condés, par amusement,
    Ont brûlé ce saint édifice.