Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/325

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Anacharsis Clootz, — d’agents de Pitt et Cobourg, d’accapareurs et même, après thermidor, de jacobins et de babouvistes. Quel parti n’a compté ses prisonniers autrefois et à présent ? pour combien d’individus la prison n’a-t-elle pas été l’antichambre et le marchepied du pouvoir ? Rochefort sort de Sainte-Pélagie pour être membre du gouvernement de la Défense nationale, comme le vieux conseiller Broussel était sorti de Saint-Germain pour devenir gouverneur de la Bastille.

L’histoire se répète incessamment, par la raison bien simple que les idées humaines se meuvent dans un cercle déterminé et que les mêmes causes produisent invariablement les mêmes effets. Les faits amenés par des conjonctures absolument imprévues et extraordinaires ne sont point sans précédents ; nos chroniques urbaines sont là pour le démontrer. Lorsque la Commune vaincue, comprenant que sa défaite était inévitable, fut saisie de cet accès de pyromanie réfléchie dont les traces subsistent encore, Paris tout entier fut en proie à une indicible terreur ; quoique aucun incendie n’ait été signalé dans le périmètre occupé par les troupes françaises, on ne voyait qu’incendiaires : toute femme portant un panier ou une boîte à lait était une pétroleuse. On racontait, avec une émotion qui n’était point feinte, que l’on jetait des mèches soufrées dans toutes les caves, et l’on dénombrait les maisons brûlées. Chacun alors se mit en mesure de parer aux sinistres dont on se croyait menacé ; on boucha les soupiraux des sous-sols, et les habitants firent la garde sur les trottoirs. Certes, la panique était excusable, mais les précautions prises représentaient probablement un fait sans analogue ? — Le 23 mai 1524, la ville de Troyes fut brûlée ; des gens déguisés et inconnus avaient, dit-on, excité des enfants à mettre le feu. Dès que la nouvelle arrive à Paris, on y perd la tête : on voit là je ne sais quelle machination