Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/340

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ciale. — Aveux de l’histoire. — Une parole solennelle de Napoléon Ier. — Il ne faut pas confondre le Parisien et l’habitant de Paris. — Les bucoliques. — L’épargne. — Pignon sur rue. — Esprit de fronde. — Esprit de révolte. — Atrocia aut pudenda. — Les promesses de Paris. — La France émigre à Paris. — « Les Îles. » — Les envieux. — Les fruits secs. — La moelle des lions. — Préjugés et scrupules. — « Tigres agacés par des singes. » — L’alchimie sociale. — Stérilité des révolutions. — Mystification méprisable. — La liberté réclamée n’est pas un but. — Hurler avec les loups. — Paris devient moindre. — Les droits et les devoirs. — Pas d’objectif politique. — Force confuse. — Un mot de Chateaubriand. — La loi de l’atavisme moral. — L’énergie du Parisien. — L’abstentionnisme. — Appelé trop tard à la vie politique. — Causes de nos révolutions. — Périodicité inquiétante. — S’il n’y avait que des Parisiens à Paris, on n’y ferait pas de révolutions.


Sons l’ancien régime, le prévôt des marchands, les échevins, les conseillers, et tous les magistrats qui constituaient l’édifité parisienne, étaient élus pour deux ans, devaient être nés natifs de Paris, comme l’on disait alors, et avoir rang de bourgeoisie. La Révolution de 1789 détruisit ces sages précautions et fut une invasion provinciale. Les esprits étaient fort émus et très-troublés ; la guerre d’Amérique, à laquelle nous avions pris part, avait fait germer des pensées d’indépendance et de self-government ; les philosophes, « les âmes sensibles », rêvaient un avenir meilleur et se préparaient pour le grand combat. En 1788, le père de Mirabeau disait de son fils : « L’heure des gens de sa sorte arrive à grands pas, car il n’est ventre de femme aujourd’hui qui ne porte un Artevelde ou un Mazaniello. »

Un fait indépendant des idées ambiantes n’accéléra en rien la révolution, qui depuis longtemps lancinait les esprits, mais lui donna, dès les premiers jours, un caractère de cruauté et de violence inexprimable. En 1785, on avait entrepris dans Paris des travaux d’embellissement assez semblables à ceux que le second Empire a exécutés ; pour les mener à terme, on avait appelé un grand nombre d’ouvriers de province ; faute d’argent, les travaux furent subitement interrompus en 1788. Les chantiers furent déserts, mais les manœuvres