parfois une certaine notoriété. Il a frappé à la porte des éditeurs, des grands journaux, des revues ; on l’a éconduit, à peine écouté. Il en veut au monde entier de son infériorité qui l’accable ; la misère est mauvaise conseillère lorsqu’elle parle aux vaniteux ; au lieu de les pousser aux résolutions viriles, elle les maintient dans la paresse et surtout dans l’horreur du travail manuel, car il est à remarquer que tous ces hommes qui, pour étayer leur popularité, célèbrent les vertus ouvrières, se croiraient déshonorés s’ils touchaient un outil. À vivre d’expédients, on s’étiole vite et l’âme s’aigrit ; on croit être fort parce que l’on a secoué tous les préjugés ; mais lorsque l’on n’a plus de préjugés, on est bien près de n’avoir pas de scrupules, et lorsque l’on n’a pas de scrupules, c’est que l’on n’a plus de principes. Tout est bon pour réussir et se faire sa place au soleil ; on ne recule devant rien, pas même devant l’insurrection la plus vile et la plus impie.
Qu’importe que la France ensanglantée, appauvrie, démembrée, demande grâce à ces bourreaux ivres d’ambition et vides de patriotisme ? ils n’en pousseront pas moins leur œuvre jusqu’au bout, dussent-ils n’exercer le pouvoir que pendant deux mois. À quoi bon citer les noms de ceux qui ont tout osé pour donner corps au cauchemar qui les agitait ; ces noms, on peut les trouver sur les listes de la Commune, de ce gouvernement de mandrills que l’on a spirituellement appelé « le carnaval rouge ». Après le coup de canif de Damiens, Voltaire disait que Paris était peuplé de tigres agacés par des singes ; qu’aurait-il dit après le meurtre des otages ?
Pour ces gens-là, Paris est un vaste laboratoire d’alchimie sociale où ils viennent faire les expériences les plus dangereuses, comme s’ils voulaient en dégoûter les autres ; pour découvrir la solution des problèmes