Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/387

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Berlin et le prolétariat de Paris peuvent se donner la main par-dessus le sang et la famine, car les intérêts qui s’agitent entre les deux pays ne touchent en rien aux droits revendiqués par l’Internationale[1].

L’intérêt de la caste fait donc mettre en oubli l’intérêt de la nation. Cela tient à ce fait peu remarqué, que le souffle qui a animé le grand corps de l’internationale et lui a donné vie, est un souffle juif ; son grand maître, son inspirateur est un Israélite. Or les Israélites, si honorables, si probes, si bons citoyens qu’ils soient, n’ont jamais que des patries adoptives ; ils respectent la loi des pays qu’ils habitent, ils y donnent souvent l’exemple de bien des vertus, mais ils ignorent cette tendresse mystérieuse qui tient aux fibres les plus profondes de l’âme, cette joie du sacrifice, cette espérance qui survit à tout, cet orgueil parfois insensé, qui forment l’amour de la patrie. Depuis l’an 70, ils ont répandu leurs colonies à travers le monde, gardant intacte la religion de leurs pères, les coutumes de leur race, mais n’ayant d’autre patrie réelle que la synagogue où ils évoquent le souvenir du temple détruit.

Prédominance des instincts matériels caressés par le socialisme, affaiblissement de l’idée de patrie, ébranlée par l’internationale, mépris hautain pour la liberté, dont l’un et l’autre n’ont que faire, voilà, en somme, les trois

  1. L’ultramontanisme arrive exactement aux mêmes conséquences. Le journal le Monde a écrit, en août 1874, la phrase suivante, qu’il est bon de retenir : « Certains organes libéraux de Paris, la Presse entre autres, ont prétendu que la première prière des Français devait être pour la patrie. C’est là une erreur grossière. Le catholique met l’Église avant la patrie, et avec raison, car l’Église est l’institution unique dans laquelle l’homme peut arriver au salut. » Jamais notre vieux proverbe, les extrêmes se touchent, n’a été plus vrai ; des esprits absolument opposés arrivent à la même conclusion, par cela seul qu’ils sont excessifs ; en regard de l’opinion du Monde, on peut citer celle de Proudhon ; le 14 septembre 1855, lorsque Paris fut en joie à la nouvelle de la prise de Sébastopol, il s’écrie : « La Bourse jubile, le faubourg Saint-Antoine pavoise ses maisons, le Siècle se lèche les babines ; qu’espérer d’une telle race ? » Corresp., t. VI, p. 252.