Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/394

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

glés par leur vanité individuelle, cherchaient à satisfaire leurs haines particulières et ne trouvaient pas d’introuvables formules, la résistance se préparait et la France finissait par conquérir sa capitale.

Je sais que l’on va dire : Jamais telles et si douloureuses occurrences ne se représenteront ; jamais l’on ne reverra un peuple entier armé pour la guerre et que ses chefs ont réservé pour l’émeute ; jamais les pouvoirs publics n’abandonneront encore Paris livré à un accès de folie. Une telle opinion est puérile ; je le répète, après l’insurrection de juin 1848, nous avons tous dit : Jamais une semblable conflagration ne se pourra reproduire. Ces soulèvements furieux, qui nous semblent des faits isolés, sont la résultante d’un état général morbide, comme un abcès est l’indice d’une constitution vicieuse ou viciée. Une bataille pareille à celle dont nous avons été les témoins désespérés pourrait-elle encore s’engager sans mettre désormais en question l’existence même de Paris ? Nous ne le pensons pas. Dans un combat de cette nature, où les deux parties adverses lutteraient pour défendre des réalités et des rêves, tout est à craindre, car les guerres civiles sont particulièrement terribles. « Une haine éternelle, une haine de frères, » a dit Ugo Foscolo. Dans leurs conciliabules secrets, ceux qui ont gardé au cœur l’espoir d’une revanche prochaine disent : « Nous avons brûlé trop tard ! » et ils regrettent de n’avoir pas fait un usage plus complet de ce qu’ils appellent « l’application de la science à la revendication des droits du travailleur ». Il faut avoir le courage d’aller jusqu’au bout et de raconter sans pâlir le sort que ces fous agités réservent à Paris.

Deux fois déjà j’ai personnellement assisté à cette application de la science ». Au mois de juin 1848, des gardes nationaux, cherchant à enlever une barricade qui coupait le faubourg Poissonnière aux environs