Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/44

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sont bravement battus ; les Allemands placés aux avant-postes de la Marne en ont su quelque chose. Tous n’avaient pas repris le fusil et n’étaient point au combat ; les barrières étaient plus que fermées, qui ne le sait ? mais leur concours n’en était pas moins indispensable, car il fallait surveiller les quatre-vingt-cinq entrepôts où l’on avait entassé des approvisionnements qui ont prolongé la défense sans la rendre plus efficace, et les trente-six usines particulières où l’on faisait la mouture des grains. Leur dévouement a été exemplaire, nulle fatigue ne les a rebutés ; le ministre de l’agriculture et du commerce a écrit plusieurs fois au directeur de l’octroi pour le féliciter du personnel qu’il avait mis à sa disposition. Ces braves gens ont le cœur bon et compatissant comme la plupart des vieux troupiers, qui, ayant souffert et ayant vu souffrir, savent venir en aide aux malheureux. Il ne se passe pas de mois que les employés ne fassent entre eux une collecte pour secourir la veuve, l’enfant, le père d’un camarade mort ; j’ai plusieurs de ces listes de souscription sous les yeux : 10 centimes, — 20 centimes ; les plus riches en donnent cinquante ; mais nul ne refuse, chacun apporte son obole, et le total arrive toujours à un chiffre de 800 à 900 francs. L’administration, qui est fort économe et qui, en parvenant à faire ses énormes perceptions avec 5,80 pour 100 de frais, donne un exemple qu’on n’imite pas assez, ne regarde jamais à délier les cordons de sa bourse dès qu’il s’agit de soulager ses agents dénués, ou de récompenser leurs actes de dévouement. La caisse de retraite reçoit de grosses sommes tous les ans, — 544 792 francs en 1873, — et les hommes de peine ou leurs veuves ne sont pas plus oubliés que les autres employés.

La direction est fort paternelle ; elle ne punit jamais sans avoir préalablement averti, et, lorsqu’elle se décide