Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/58

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piers, des gardiens de la paix qui, on peut en convenir, rendent des services appréciables au point de vue de la sécurité générale, sa part a été de 4 416 570 francs. La ville a donc consacré une somme de 66 397 255 francs à des œuvres dont les malheureux ont le premier et le plus sûr bénéfice ; ce gros budget, à qui va-t-elle le demander pour être certaine de l’obtenir sans difficulté ? à l’octroi « municipal et de bienfaisance », comme dit la loi de vendémiaire an VII. C’est là ce que l’on ne devrait jamais oublier lorsque l’on est sollicité par quelque mauvaise pensée de fraude ; cela n’arrêtera pas les âmes malsaines, mais cela fera réfléchir les gens qui, par enfantillage ou pour s’éviter un mince ennui, oublient volontairement d’être honnêtes et ne font pas les déclarations obligées.

Pour les ressources municipales, pour les fonds de bienfaisance spécifiée ou déguisée, l’octroi de Paris est donc le produit le plus constant et le moins aléatoire. Frappant des objets de première nécessité, et surtout des denrées de consommation, il ne peut tarir ; chaque bouchée de nourriture l’alimente et il est éparpillé à l’infini. Il s’acquitte par quantités tellement minimes qu’il peut, jusqu’à un certain point, passer inaperçu ; pour chacun des 1 851 792 habitants de Paris, il représente une dépense quotidienne de 15 cent. 69. Les négociants qui, recevant un arrivage de marchandises, ont à payer d’un seul coup une somme importante, ne font qu’une avance qui leur est remboursée avec intérêts par leurs clients.

Bien des gens le maudissent cependant et le trouvent excessif, sans réfléchir que, de toutes les sommes qu’il a encaissées, il en a versé précisément un tiers au bout de l’année au ministère des finances. On l’accuse d’avoir outrageusement chargé les vins et liqueurs : mais sur les 22 fr. 87 que payent les premiers, le trésor ne lui