Page:Du Camp - Paris, tome 6.djvu/64

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toutes, mais qu’il est impossible d’entreprendre ; les documents n’existent pas, et nulle administration n’est assez puissante, assez riche, assez nombreuse pour tenter même de les recueillir.

À défaut de cette statistique morale, la statistique matérielle abonde en renseignements qui ont du prix et peuvent éclairer bien des points obscurs de la vie parisienne. Sous ce rapport, nous n’avons rien à désirer ; les gouvernements, qui se succèdent rapidement en France, ont tous attaché une importance exceptionnelle à la bonne tenue de ce que l’on nomme les registres de l’état civil. Au fur et à mesure que les relations sociales ont pris une assiette régulière, que la justice s’est dégagée des formules obscures dont le moyen âge l’avait enveloppée, que la religion a vu une garantie pour elle-même dans la constitution légale de la famille, on a cherché à établir et à conserver les preuves testimoniales des trois grands actes de la vie humaine. En constatant par des pièces authentiques la naissance, le mariage et le décès des individus, on confirmait le passé des familles, et l’on en assurait l’avenir ; la preuve légitime de la filiation et des alliances consacrait le droit à la possession ; l’état civil a donc été dans les pays coutumiers, dans les pays de droit romain et même dans les pays saisis par la conquête, la base la plus sérieuse de la propriété et de la société ; il éclaire la justice, détermine les relations des hommes entre eux et préside à leurs transactions. Ce rôle multiple et bienfaisant n’a pas toujours été compris, mais aujourd’hui notre état civil offre toute garantie désirable et rend d’inappréciables services à la population parisienne, pour laquelle il représente le cartulaire des papiers de famille ; aussi devons-nous en tracer un rapide historique.

Notre état civil, tel que nous le voyons fonctionner