offertes, ne voulant pas que son journal fût considéré comme l’organe de la famille d’Orléans.
« J’écrivis immédiatement à Sir George Grey, alors ministre de l’Intérieur, et lui demandai de faire faire une enquête par le détachement de police en station à Claremont pour la protection de la famille royale, à l’effet de savoir si tous les princes qui devaient être en Angleterre s’y trouvaient réellement. J’ajoutai que le général de Rumigny, ou Mr. Borthwick, avait dû se tromper en mentionnant le duc d’Aumale, car il était alors à Naples, et que ce devait être le duc de Nemours qui accompagnait le prince de Joinville.
« Dans le courant de l’après-midi, je reçus de Sir George Grey la nouvelle que Nemours et Joinville étaient tous deux encore à Claremont. Joinville avait été plusieurs fois à Londres, dans le courant de la semaine, et était à Claremont ce jour-là. Mais il avait été, disait-on, très malade depuis quelques jours ; il gardait la chambre et personne ne l’avait vu que son médecin, qui le visitait deux fois.
« Ce rapport était la preuve évidente que Joinville était parti.
« Je l’appris, d’ailleurs, plus tard. Il était allé jusqu’à Ostende ; mais, ayant trouvé que son plan n’avait pas de chance de succès, il était revenu. Je crois que la garnison de Lille avait été changée.
« Ceci confirmait bien la version quant à Joinville, mais laissait inexpliqué ce qui concernait d’Aumale. Quelques jours plus tard, je reçus de mon frère, alors ministre à Naples, une lettre écrite de là, avant que la nouvelle du coup d’État y fût connue, me disant que le duc et la duchesse d’Aumale avaient reçu des avis alarmants sur la santé de l’ex-reine de France et qu’en conséquence le duc était parti inopinément pour l’Angleterre ; mais que, deux jours plus tard, la duchesse d’Aumale avait reçu de meilleures nouvelles et qu’elle regrettait que son mari, en attendant un jour ou deux de plus, ne se fût pas épargné un voyage fatigant, au milieu de l’hiver.
« Cet exposé confirme l’ensemble de l’histoire du général de Rumigny, et d’Aumale avait, évidemment, à la suite d’un arrangement préconçu, quitté Naples pour se rencontrer avec Joinville en un lieu et à jour donnés. C’est la preuve qu’il y avait depuis longtemps un complot projeté, pour une attaque contre le Président.