Page:Du Camp - Souvenirs d’un demi-siècle, tome 1.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE PREMIER

L’OPPOSITION



PERMANENCE DE L’OPPOSITION. — À VOIX BASSE. — DANS LES THÉÂTRES. — EDMOND ABOUT. — LES FRÈRES DE GONCOURT. — L’EMPEREUR À L’ODÉON. — OVATION. — À L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS. — LE COMTE DE NIEUWERKERKE. — PROSPER MÉRIMÉE. — VIOLLET-LE-DUC. — SA NOMINATION À L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS. — INAUGURATION. — CHARIVARI. — FORCE RESTE À LA LOI. — L’ÉLECTION DES Cinq. — ÉMILE OLLIVIER ENTRE EN SCÈNE. — LE SILENCE. — LE TENTATEUR. — LES INSINUATIONS DE MORNY. — SA PRÉVISION. — LA MORT DÉNOUE LA COMBINAISON. — CE QUE FUT LE DUC DE MORNY. — Tace et memento. — LA VIE À OUTRANCE. — LE BIJOUTIER DIPLOMATIQUE. — EXPÉDITION DU MEXIQUE. — RUPTURE AVEC UNE VIEILLE MAÎTRESSE. — SOPHIE TROUBETSKOI. — FERNAND DE MONTGUYON. — EMMA LIVRY. — LA MORT DE MORNY. — LES LETTRES D’AMOUR. — ÉMILE OLLIVIER LIVRÉ À LUI-MÊME.



PENDANT la durée du Second Empire, l’opposition fut permanente ; après le 2 décembre 1851, lorsque durait encore la crainte inspirée par cette mauvaise action, elle fut sourde et discrète. À voix basse, entre portes closes, on chuchotait les médisances ; les journaux étaient muets ; un certain décret du 17 février 1852 les bâillonnait et les forçait au silence. J’ai traversé ce régime, qui fut abominable ; la presse n’y a point péri ; c’est miracle ; j’en ai parlé dans mes Souvenirs littéraires ; je n’ai plus à y revenir. Au lendemain de la campagne d’Italie, en 1859, campagne glorieuse pour nos armes, désastreuse pour notre politique extérieure, les ressorts du gouvernement impérial se détendirent, l’opposition se hasarda à être sinon agressive, du moins plus tracassière ; pendant le ministère Chasseloup-Laubat (fin 1869), elle fut violente ; sous le ministère Ollivier, — qui se faisait fort d’apporter la pacification à tous les esprits, — elle devint furibonde.

Les premières manifestations publiques de l’opposition se