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THÉOPHILE GAUTIER.

fenêtre et quel balcon ! une guipure de pierre, des enroulements, des guillochages et des jours qu’on ne croirait possibles qu’à l’emporte-pièce, sur une de ces feuilles de papier qui recouvrent les dragées de baptême. » Une fenêtre, un balcon : c’est peu, mais à un sculpteur comme Gautier cela suffit pour charmer les yeux de ceux qui savent regarder.

Parfois sa rêverie lui a montré des personnages imaginaires qui causaient, se passionnaient et se mouvaient comme des acteurs sur la scène d’un théâtre. Il en est résulté une de ses plus douces, une de ses plus originales fantaisies : Une Larme du diable. Le prologue de cette idylle semble avoir été inspiré par le début du Faust, de Goethe, qui lui-même procède de la première scène du drame de Job : on peut faire de plus mauvaise rencontre. Ce « mystère » où tout sourit, faillit valoir une mésaventure à Théophile Gautier, lorsque en 1855 on le réunit à d’autres pièces dans un volume intitulé : Théâtre de poche. Le bon Dieu, supplié par Magdalena de pardonner à Satanas, répond : « L’arrêt est irrévocable. Je ne puis pas me parjurer comme un roi de la terre. »

En ce temps-là, le parquet, comme l’on dit au Palais de Justice, n’avait qu’une tendresse modérée pour la littérature ; Gustave Flaubert et Baudelaire en ont su quelque chose lorsqu’ils eurent à s’asseoir sur les bancs de la police correctionnelle, ce qui, naturellement, hâta l’éclosion de la célébrité due à leurs œuvres. Dans cette phrase, la magistrature vit