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THÉOPHILE GAUTIER

CHAPITRE I

LA JEUNESSE

Théophile Gautier a été le type de ce que les rédacteurs en catalogues de librairie nomment : un polygraphe. C’était un écrivain, au large sens du mot ; il n’a pas imité ces gens de lettres qui, par stérilité ou par goût, se cantonnent dans une spécialité dont ils prennent tellement l’habitude, qu’il leur est impossible d’en sortir et qui se trouvent dépaysés dès qu’ils ne sont plus dans leur domaine ordinaire. Pour lui, le champ, le vaste champ de la littérature, n’eut pas de terrains inconnus. Plus et mieux que Pic de la Mirandole, il aurait pu offrir le combat, à tout venant, pour discuter de omni re scibili et quibusdam aliis, car, au cours de son existence, il en a sans cesse disserté, la plume à la main. Lorsque l’on regarde l’ensemble de son œuvre, produit de quarante années de travail, on reste surpris et respec-