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LE CRITIQUE.

par un acte de bon plaisir ou de mauvais vouloir ; il n’en tint compte et parla avec autant de sincérité que si son rapport eût été destiné à ne paraître qu’après sa mort.

Ce mémoire, qui fut joint à la collection des rapports sur l’Exposition universelle de 1867, est un résumé des tentatives poétiques faites en France depuis que le trône du roi Louis-Philippe a été déclaré vacant par la seconde république. Nomenclature des auteurs et des œuvres, analyse succincte, courte appréciation et parfois conseils excellents. La mansuétude ne se dément pas, elle est constante ; elle a quelque chose de paternel, comme il convient à un maître qui parle. Il ne faudrait cependant pas s’y tromper et y voir une preuve de banalité ou d’indifférence ; sous la forme toujours courtoise, volontairement adoucie par la crainte de blesser, l’opinion reste entière ; elle apparaît entre les lignes, se montre assez pour se faire reconnaître et laisser intacte l’impartialité du critique, qui n’hésite pas à blâmer lorsqu’il croit devoir le faire, mais avec tant de délicatesse, tant de prudence habile et de si touchantes précautions, que ses restrictions n’en sont que plus éloquentes. Il connaissait, de longue expérience, le genus irritabile vatum, et il le traitait, par intelligence autant que par bonté, comme un malade à qui toute secousse est douloureuse.

1867 ! Il me semble que c’est hier, et que je vois encore défiler ce cortège impérial qui maintenant s’est évanoui dans le royaume des ombres ! En lisant