Page:Du Deffand - Correspondance complète de Mme Du Deffand avec ses amis, tome 1.djvu/268

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dans votre première lettre, qui me paraîtrait fort intéressante, si je la pouvais prendre pour autre chose que pour un tour de rhétorique que vous entendez fort bien. Enfin, quoi qu’il en soit, divertissez-vous en mon absence, je le veux, j’y consens, etc. ; mais écrivez-moi souvent.

On n’a point ici de délicatesse : ce lieu ressemble assez au pays de Rhadamiste, mais il ne donne point des mœurs pareilles aux siennes ; la jalousie ne me fera pas vous poignarder par précaution : ce mot de précaution m’avise que je m’y prendrais aujourd’hui un peu tard. Adieu.




LETTRE 11.


LE PRÉSIDENT HÉNAULT À MADAME LA MARQUISE DU DEFFAND.


Mercredi 4 juillet.

Mertrud est retrouvé, après s’être signale à Plombières et avoir guéri sur sa route, ainsi que les apôtres, tout ce qu’il a rencontré : il vole, en arrivant, à de nouvelles conquêtes, et est parti, à la vérité, en pot-de-chambre, pour Versailles, où le contrôleur l’attend. Il m’a rapporté une lettre de M. de Nivernois, où l’on ne peut rien ajouter à la satisfaction dont il est, de la manière dont Mertrud l’a conduit. Il ne lui a pas laissé prendre les eaux comme aux autres malades ; il s’est occupé, avec des recherches continues, à suivre l’effet des remèdes, et enfin son malade est guéri. Il ne me dit pas un mot dans sa lettre de celle que je lui ai écrite, mais il me charge de bien des compliments pour vous. Ce qui a été cause du retardement de Mertrud, c’est qu’il a des parents auprès de Langres, qu’il a été voir ; mais cela n’aura servi qu’à le rendre encore plus célèbre, car toutes les provinces vont être remplies de son nom et des perquisitions que l’on va faire de sa personne.

On disait hier un nouvel arrangement des finances qui me paraît bien vraisemblable ; M. le contrôleur général reste, et Boulogne signe et rapporte pour lui[1] : d’abord on disait qu’il était contrôleur général, mais je crois que cela se réduira à cela, et c’est bien assez. On en parlait déjà il y a deux jours, et cela se confirme. Vous me demanderez pourquoi je n’ai pas vu le D… et vous aurez raison ; mais je l’ai cherché régulièrement

  1. Premier commis des finances, intendant des finances en mai 1744, puis contrôleur général.(L.)