Page:Du Deffand - Correspondance complète de Mme Du Deffand avec ses amis, tome 1.djvu/274

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donne une grande fête mercredi pour le couronnement de sa maîtresse. Madame de Mailly a un meuble charmant à Choisy. Meuse est resté à Versailles avec la goutte. Savez-vous ce qu’a fait d’Argenson l’aîné ? Il a fait donner une assignation à l’Altesse royale, de la part de son fils, pour la succession de la reine d’Espagne. L’Altesse royale ne se tient pas de colère, et mon avis est que, pour réparation de cette insulte, elle le fasse chasser[1].

Adieu. Je m’imagine être en péché mortel quand je vous écris, et le tonnerre redouble.

Je vous parlerai une autre fois de Meudon. Madame de Chevreuse ne saurait s’empêcher de trouver un peu extraordinaire le voyage de M. de Pecquigny. Que voulez-vous… elle sait… bien… ce n’est pas son opinion.




LETTRE 14.


LE MÊME À LA MÊME.


Samedi, 7 juillet.

Voila la chose du monde la plus incroyable : je ne reçus qu’hier vendredi, 6 du mois, à cinq heures du soir, votre lettre datée de Forges, de lundi 2 à deux heures et demie après midi. Je me creuse la tête pour comprendre ce que cela veut dire, et à la fin j’imagine que c’est que les lettres ne partent de Forges que trois fois la semaine, le lundi, le mercredi et le samedi ; que, m’ayant écrit le lundi après midi, la lettre n’aura parti que le mercredi, au moyen de quoi je ne recevrai de lettre de vous que demain ou après. Je vous avoue que cela est fort désagréable.

Vous me chargez de faire un extrait de votre lettre pour madame de Flamarens. J’ai trouvé plus court de la lire hier à M. de Cereste qui soupa chez moi, et qui doit la voir aujourd’hui ; mais comme vous lui avez écrit mardi, elle aura peut-être reçu votre lettre aussitôt que moi.

Enfin donc, vous voilà à Forges, arrivée saine et sauve : vous avez pris le seul parti raisonnable (de ne pas coucher à Pontoise). Votre maison ne vous déplaît pas, vous avez votre lit et votre fauteuil ; en ajoutant à cela un verrou, vous n’aurez

  1. V. Mémoires de d’Argenson, édit. Rathery, t. IV, p. 17 ; par ce testament, le duc d’Orléans était institué légataire universel et la mère oubliée. (L).