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Page:Du Deffand - Correspondance complète de Mme Du Deffand avec ses amis, tome 1.djvu/283

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du monde contre Louison. Je l’ai rassurée en lui apprenant de vos nouvelles. Elle m’a demandé si vous aviez commencé à prendre vos eaux. Je lui ai rendu compte de tout le monde de la maison, du lit, du fauteuil de madame la Roche. Elle a fini par me demander si vous logiez toujours avec madame de Pecquigny. Je lui ai dit que j’en étais persuadé. Elle n’avait pas aujourd’hui sa serviette à la main ; mais elle avait une belle robe de soie gris de perle.

On ne sait aucune nouvelle. Bonjour. Je vous embrasse de tout mon cœur.




LETTRE 17.


MADAME LA MARQUISE DU DEFFAND À M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.


9 juillet.

Me voilà quitte de ma compagnie, et je vais vous écrire tant qu’il plaira à Dieu. Il fait trop vilain pour se promener : d’ailleurs j’ai la plante du pied droit très-enflée, cela me fait de la douleur dans la jambe et m’empêche de marcher. Quand vous rencontrerez Silva, demandez-lui ce que cela veut dire : ce n’est point un effet des eaux, je m’en ressentais auparavant. J’ai, ce matin, été à la fontaine, comme je vous l’ai mandé : je me suis établie dans une chambre où il y avait un bon feu ; j’ai pris six verres ou dix demi-setiers de royale et un de cardinale ; le tout a bien passé : cependant cela m’a porté un moment à la tête, je me suis sentie un peu gaie et puis assoupie. J’ai diné, qu’il était près de deux heures, avec appétit ; j’ai mangé du riz, le bas d’une cuisse de poularde bouillie, un os de veau et une cuisse de lapereau avec assez de pain ; ensuite j’ai joué à la comète avec madame de Pecquigny, et puis j’ai fait tout de suite un quadrille avec mon amie madame de Bancourt, M. de Sommery et M. d’Erlevry ce sont mes complaisants ils sont partis, et me voilà. Vos lettres me font un plaisir infini, et je dirai de vous, comme madame d’Autrey[1] de M. de Cereste : vous avez l’absence délicieuse. Mais cependant vous ne m’envoyez rien. Je comptais sur les Harangues de l’Académie ; peut-être n’ont-elle pas encore paru. Toutes les brochures nouvelles il faut me les envoyer. Imaginez-vous qu’il n’y a nul changement, et

  1. Femme de M. d’Autrey, petit-fils de M. d’Armenonville, garde des sceaux. (L.)