Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/33

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le tritura jusqu’à ce qu’il n’eût plus devant lui qu’un cadavre pantelant et souillé. La foule enthousiasmée, eût volontiers jeté des couronnes et des fleurs à l’héroïque animal, si un incident fâcheux ne fût venu jeter le trouble et la terreur dans l’assistance. En effet, au moment où l’on s’y attendait le moins, l’une des portes du cirque céda sous l’impulsion de la bête forcenée, et celle-ci, de plus en plus furieuse, tua ou blessa plusieurs personnes dans les rues de Lucknow.

Je reviens à l’éléphant Sandiassamy, qui venait de se montrer si peu belliqueux là où une simple bufflonne avait montré une vaillance peu commune. J’ai dit qu’il avait sa légende. Or cette légende était méritée, et entre autres traits de vaillance, le brave animal avait accompli le suivant.

Il appartenait alors à un riche baboo de Gwalior. Il était si choyé, si aimé de tout le monde, qu’il n’était bombons ou gâteaux qu’on lui ménageât. Les enfants du baboo, deux garçons et une fille, que leur père, un véritable ami des Anglais, faisait élever à Calcutta, lui étaient particulièrement chers. L’éléphant s’était tout spécialement attaché à l’aîné, un superbe bambin de douze ans, presque blanc, car il était issu d’une mère anglaise, morte peu de jours après sa naissance. L’enfant rendait