Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/34

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à l’animal affection pour affection. Ils ne se quittaient pas pendant les vacances, et telle était la confiance que l’on accordait à Sandiassamy qu’on laissait le jeune Moutti-Laul exécuter de nombreuses promenades en compagnie de son grand ami et gardien, l’éléphant.

Un matin, les deux compagnons, qui avaient suivi le baboo dans une tournée sur l’une de ses terres, eurent la fantaisie de s’écarter du cortège aux abords d’une plantation de cannes. Je ne sais plus quelle concurrence les mit inopinément en face d’un tigre. L’enfant, pris de peur, se réfugia entre les jambes de l’éléphant. Le félin, alléché par cette bonne aubaine (il était évidemment à jeun), essaya de l’y aller prendre. Gêné dans sa défense, le pachyderme ne fit ni un ni deux. Il saisit le petit Moutti par la ceinture et, le portant assez haut pour le mettre à l’abri des bonds désordonnés de l’assaillant, il le plaça fort dextrement à portée des basses branches d’un manguier, auxquelles l’enfant eut la présence d’esprit de s’accrocher. Cela fait, le brave Sandiassamy revint au tigre, et, comme le fauve s’acharnait stupidement au pied de l’arbre, l’éléphant l’enleva comme une plume, le fit tournoyer au bout de sa trompe et, après l’avoir étourdi, l’écrasa bellement sous ses pattes de