Page:Du Flot - Les mœurs du tigre, récit de chasse, 1886.djvu/38

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branches de quelques gros arbres, comme le banyantree.

L’animal reparut à plusieurs reprises, mais en faisant montre d’une extrême prudence, ce qui ne l’empêchait point d’être le plus rusé et le plus adroit voleur que l’on pût imaginer.

Une nuit, il franchit la palissade d’enclos d’un kraal. Cette palissade avait trois mètres de hauteur, ce qui est déjà fort raisonnable. Malheureusement elle n’avait pas partout les mêmes dimensions. Elle s’abaissait même d’un mètre sur l’une de ses faces. Le coquin vit promptement le parti qu’il pouvait tirer de cette inégalité. Il dut se dire, comme le bouc de La Fontaine :


Ce n’est pas tout de boire, il faut sortir d’ici.


Aussi sa résolution fut-elle bientôt prise. La crainte de se laisser surprendre lui fit choisir le moyen le plus court. Il s’empara d’une vache, et, avec cet énorme fardeau, escalada les deux mètres de la muraille. Le fait fut absolument constaté par les traînées de sang laissées avec les marques de griffes sur le bois. On retrouva le cadavre éventré et à moitié dévoré de la pauvre bête à près de deux milles au-delà. Le sang guida les recherches.