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FANTÔMES BRETONS


paysan qui sonnait depuis cinquante ans les cloches de la paroisse, consentit, non sans quelque étonnement, mêlé d’une certaine dose de terreur, à leur servir de guide au terrible souterrain.

Déjà le soleil devait approcher du sommet des collines, lorsqu’ils aperçurent l’énorme et splendide masse de Roch-Toul. Ils arrivaient par le bas de la coulée. La sombre ouverture de cette grotte de quartz, béante sur la pente rapide, les dominait d’une grande hauteur. Elle se détachait vigoureusement au milieu des roches blanches qui en forment l’édifice. En l’apercevant ainsi, on dirait le portique en ruines d’un temple de géants, dont les débris ont roulé de tous côtés, sous l’effort des âges passés.

L’aspect de ces lieux, surtout le soir, a quelque chose d’étrangement imposant, de terrible même. Aussi faut-il dire qu’à ce moment de l’expédition, bientôt nocturne, le guide, le brave bedeau, n’avançait plus qu’à l’arrière-garde.

Sans tenir aucun compte des terreurs du sergent d’église, et après avoir allumé une lanterne apportée à cet usage, les explorateurs entrèrent dans l’intérieur de la caverne.

Rien n’est plus fantastique que ce spectacle, vu la nuit, aux reflets de mille couleurs de la lumière sur les parois humides et polies des rochers.

L’antiquaire était au comble du ravissement. Son ami flairait comme une odeur de vieille légende dans ce sombre repaire. De temps à autre des oiseaux nocturnes, effarouchés par la clarté du fanal et par le