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LA GROTTE DE ROCH-TOUL


bruit des pas, s’enfuyaient à tire d’ailes ou voletaient contre la voûte, au grand effroi du pauvre bedeau, qui récitait en breton les litanies de tous les saints.

Après avoir parcouru trente ou quarante pas, on se trouve arrêté au fond de la grotte. Le passage se rétrécit tout à coup, et devient tellement étroit qu’il paraît impossible de s’avancer plus loin. Nos voyageurs, satisfaits de leur expédition, s’assirent sur des rochers roulés à terre, et reprirent la conversation avec le bedeau, qui leur fit le récit que l’on va lire.


II

— Je ne sais depuis combien de centaines d’années l’événement est arrivé ; mais il est arrivé, cela est certain, puisque le coq chante encore sous l’autel de saint Guy-Méliau, la veille de la Toussaint, à minuit. Oui, la chose est arrivée, à preuve que mon parrain, Jean Kastel, — que Dieu ait son âme ! — l’avait entendu dire une fois dans sa vie.

Pour lors donc, le sire de Guy-Méliau avait un fils unique, nommé Alanik. Alanik était jeune, riche et beau ; il était, de plus, vaillant autant qu’aucun autre seigneur de ce temps-là.

Il y avait à la même époque, dans la paroisse de Lampol, un seigneur avare et méchant, qui, ayant perdu son argent et ses terres en prouesses de mauvais aloi, n’avait pour toute ressource et tout bien qu’une fille, nommée Fina, belle, belle comme un pré de mai, et encore plus rusée que belle.

Je vous ai dit que Fina était le seul bien qui fût