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LA GROTTE DE ROCH-TOUL


— Nous n’avons rien à démêler avec toi, Alanik de Guy-Méliau, répondit encore le tailleur, barbe rouge, jambes tortes et figure de singe, qui gardait la porte du manoir, assis sur ses talons, comme un bouledogue.

— Pourtant, je voudrais bien parler au seigneur Lampol, répliqua Alanik, un peu déconcerté.

— Détale, détale vivement, mauvais garnement ! D’ailleurs, je sais ce qui t’amène : nous n’avons pas besoin de toi au manoir. Il n’est venu ici que trop de vagabonds se moquer de ma noble maîtresse. Nous n’en voulons plus.

Il est bon de vous dire que le tailleur, Barbe-rouge, était sorcier et qu’il savait ce qu’Alanik venait chercher à Lampol ; et, comme le misérable singe mitonnait, depuis quelque temps, le projet insensé de garder Fina pour lui, — oui, ma foi, pour lui-même ! — il avait résolu d’éconduire à l’avenir tous les prétendants. Il craignait qu’à la fin quelque malin compère ne découvrît le trésor caché qu’il projetait aussi de fouiller pour son compte, dès que l’occasion lui semblerait favorable.

Mais la penhérez avait entendu les paroles courroucées du tailleur. Elle venait justement, à ce moment-là, du côté de la porte, pour voir un beau justin que le singe était en train de lui broder pour le prochain pardon de Saint-Thégonnec. Elle regarda par le petit judas du portail, et vit notre joli garçon sur le point de s’en aller. Il paraît qu’Alanik était de son goût, car elle ne fut pas longtemps à repousser Barbe-