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FANTÔMES BRETONS


resté à son père ; voici comment : tous les jeunes seigneurs qui avaient aperçu une seule fois un des yeux bleus de la blonde fille, en devenaient épris à mourir. Le père disait à l’amoureux : « Donne-moi d’abord cinq cents écus de bel argent… Bon ! mais ce n’est pas assez, l’ami. Rapporte-moi le trésor qui est au fond de Roch-Toul, et Fina sera ta moitié de ménage. »

Et voilà le pauvre garçon, laissant au manoir de Lampol son cœur et sa bourse, de se mettre en route au clair de la lune, vu que dans le jour le trésor n’eût pas été visible, à ce qu’on disait. Il entrait dans le souterrain, à la nuit, seul, sans autres armes qu’une pelle et une torche. Que se passait-il alors ? Aucun de ces aventuriers n’est revenu le dire… C’était un deuil général à vingt lieues à la ronde. La moitié des seigneurs du Léon avaient perdu leurs aînés dans ce souterrain de malheur, si bien que Fina commençait à avoir peur de rester toute sa vie penhérez (héritière à marier).

Un beau jour, pourtant, Alanik, qui avait aperçu Fina au pardon de Lampol, déclara au sire de Guy-Méliau qu’il mourrait de chagrin s’il ne mettait pas une bague d’or au doigt de Fina. Le bonhomme essaya de détourner son fils ; mais tout fut inutile, et il fallut bien y consentir à la fin.

Voilà donc Alanik parti pour le manoir de Lampol. Ce n’était pas chose facile que d’y entrer.

— Pan, pan. — Qui est là ? — C’est moi, Alanik.

— Alanik, un vagabond… Quai, quai ici, Polidor.

— Mais je suis Alanik de Guy-Méliau, vous savez ?