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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/107

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LA GROTTE DE ROCH-TOUL


fallait descendre des marches inégales, et une bonne lumière n’était pas de trop. Barbe-rouge s’avança en hésitant. Alors Fina porta les mains à son cou, afin d’intercepter les rayons du collier magique. La grotte devint à l’instant noire comme une tombe, si bien que le tailleur trébucha sur les pierres et roula, au bas de la pente, dans le fond d’un trou plein d’eau.

— À l’aide, à l’aide, criait le misérable, je me noie !

— Rends-moi mon fiancé, disait Fina, en éclairant la caverne ; rends-moi Alanik.

— Malheur ! Elle m’a trahi… À l’aide ! Je meurs !

— Rends-moi mon fiancé ! te dis-je.

— Par pitié, tends-moi la main ! criait encore Barbe-rouge ; nous le retrouverons, car j’entends la voix de mon coq.

— Dis-moi où est Alanik ; tu dois le savoir, traître.

— Il est…, il est là, derrière ces rochers…

— Est-il vivant encore ?

— Il est pâle comme trépas… J’étouffe… Hâte-toi de nous secourir… Moi d’abord.

Fina, au comble de l’angoisse, s’élança dans le passage difficile. Elle resta sourde, vous le pensez bien, aux derniers cris de Barbe-rouge, qui râlait en buvant de l’eau ; et, tournant de tous les côtés les rayons du collier magique, elle découvrit bientôt celui qu’elle cherchait. Alanik, pâle et couvert de sang, était étendu sur la terre. La vue de Fina le ranima un peu. La jeune fille lui donna à boire une liqueur qu’elle avait apportée, et pansa les blessures qu’il s’était faites en tombant sur les pierres…