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FANTÔMES BRETONS


La nuit venue, la lune levée, ils partirent pour le souterrain. Jambe-torte avait bien de la peine à suivre la maligne créature, qui marchait vite, afin de l’essouffler. C’était comique de voir ce tortik trottant après la belle fille, comme un carlin après une comtesse. Enfin, ils entrèrent dans la grotte. Le collier magique brillait à la main de Barbe-rouge, et l’on passait aisément par tous les détours. La conversation, il faut le dire, allait son train, et le singe amoureux en était déjà rendu à sa douzième déclaration, lorsque Fina lui dit :

— Tu causes fort bien, assurément, Barbe-rouge ; mais je veux une preuve, une seule preuve de ta confiance.

— Dix, si tu le désires, répliqua l’impudent coquin.

— Une seule me suffira : nous sommes promis, n’est-ce pas ? Tu peux donc me confier ce collier qui te gêne pour courir.

— Hein ! Je ne sais pas, fit Barbe-rouge, en regardant de travers.

— En ce cas, rien de fait, reprit la rusée d’un air résolu.

— Te perdre ! s’écria le tailleur consterné, non, non, par les cornes du diable !

Et il plaça le brillant collier sur le cou blanc de la jeune fille.

— Merci, lui dit-elle… Maintenant, voici un passage très-étroit ; passe le premier, pour me montrer la route… Sois tranquille, je saurai bien t’éclairer… Allons, passe, je le veux.

Le passage, en effet, devenait très-dangereux : il