être mon homme. Il est vrai qu’il ne fait pas bon y aller, car il passe pour un ogre affamé. N’importe, quand je lui rapporterai sa main, avec de bon onguent pour la recoller, il n’y aura aucun danger pour le reboutou. Oh ! non, pour sûr !!
Le lendemain, vers midi, Claudik s’en revenait de Plougastel, un peu essoufflé, à cause de la main énorme qu’il portait, comme vous savez, dans son sac à biniou. Il était bien content d’une recette que le sorcier lui avait donnée, immanquable pour souder les pierres et les os. Alors, il rencontra son frère sur la place de Daoulaz. Yann allait déjà de travers. Il y avait foule sur la place, et la trompe sonnait aux quatre coins de la ville. Ensuite, quand tout le monde fut rassemblé, le crieur publia que le Roi-géant de la forêt donnerait Fleur-du-Kranou, sa fille, en mariage à celui qui le guérirait d’une grande blessure attrapée à la guerre.
— Ou bien à voler des poires, murmura le sonneur en secouant son sac.
— Moi j’y vais tout de suite, dit Jean : je veux guérir le monarque et avoir Fleur-du-Kranou en mariage.
— Réfléchis avant de partir, mon frère ; songe que c’est un ogre qui mange les chrétiens, et que…
— Ça m’est bien égal à moi, cria le garnement ; je n’ai peur de rien : ainsi qu’on me laisse passer.
Yann alla-t-il au manoir du Kranou ? On ne le sait pas encore : toujours est-il que trois jours se passèrent sans qu’on le revit à la maison. Inquiet de son frère et