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FANTÔMES BRETONS


impatient de tenter l’aventure pour son compte, Claudik, avec son sac et la main coupée sur son dos, partit pour le château de la forêt. Quand il eut franchi les taillis, à l’entrée des futaies noires, il se trouva en face d’un fossé profond et d’une grande barrière en fer. À côté il y avait une petite maison, et une petite vieille qui filait sur le seuil.

— Holà, madame, cria Claudik, madame la comtesse de la Porte, ouvrez vite, s’il vous plaît, car j’ai une commission pressée pour votre maître.

— Vraiment, mon joli garçon, dit la portière, flattée d’avoir été appelée comtesse.

On est toujours sensible à cela.

— Sans doute, reprit Claudik encouragé, et j’ai là dans mon sac un objet précieux qui lui a appartenu.

— Je ne dis pas non, mon petit ; mais tu m’intéresses et je t’engage à te sauver, car ceux qui franchissent cette barrière de malheur, n’y repassent jamais.

— Eh bien, Madame, je veux entrer tout de même, parce que j’ai un remède pour guérir le roi et que je veux épouser sa fille, bien entendu.

— Épouser sa fille, malheureux pécheur ! mais depuis quatre jours il est venu ici un tas de gens, avec des chirurgiens de tous pays, dans le dessein de guérir le roi et d’obtenir la Fleur-du-Kranou : et pas un n’est revenu.

— Pas un, Seigneur Dieu !!

— Non, non, mon pauvre ami, car, depuis qu’il est malade, le roi a un tel appétit, qu’il ne donne pas le