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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/124

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FANTÔMES BRETONS


outre le vieux Laouïk, son cheval, âgé de vingt-quatre ans, pour le moins, se trouvait une jument qui ne mangeait pas plus de foin qu’un Pen-baz.

Par le temps de brume et nuit noire, Lezquipiou enfourchait Gazek-koat (la jument de bois), et chaque fois il allait ainsi ramasser dans le fond des vieilles carrières de la montagne, ou dans les ruines abandonnées, un trésor qui venait grossir ceux qu’il avait déjà accumulés dans la cave de son manoir.

— Ah ! ah ! fit alors Gabik, le petit bonhomme jovial et joufflu, si Monsieur avait seulement une jument comme celle-là, il y aurait du jeu par ici, car on dit qu’il y a joliment des trésors cachés du côté du Bugul-an-Diaul (le Berger-du-Diable).

— Tais-toi, Gabik, ça peut se trouver d’un jour à l’autre ; et c’est dur à étriller une bête de bois comme ça, mon fils. Écoute donc en paix et ne te tracasse pas de tes rentes pour tes vieux jours.

— Oui, mais, reprit le curieux joufflu, comment c’est-il donc fait, une jument de bois, père Bideau ? faut au moins nous le dire.

— Foi de Dieu ! dit le conteur en se grattant la tête, comme ce gars-là est curieux, tout de même… Eh bien ! c’est fait comme une grosse trique fourchue, apparemment ; d’ailleurs, vas-y voir et laisse-nous tranquille, gros bonhomme.

— Pour lors donc, continua le conteur, voilà que Fanch, le fils d’un vieux pillaouer ou pillotoù (ramasseur de chiffons), qui passait pour avoir quelques sous dans sa paillasse, Fanchik-le-Louche…