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FANTÔMES BRETONS


Le meunier, en finissant, ferma la porte au nez du pauvre louchard. Celui-ci prit d’abord le chemin de chez lui ; mais le temps était noir ; la pluie tombait à verse ; il n’était pas encore minuit, et comme Fanch était pressé d’épouser Gaïk, il tourna bride, et prit en marmottant : mares et buissons…, la route de Lezquipiou. Bientôt il fut rendu sous les murs du vieux manoir. Tout était solitaire. Rien ne bougeait, sauf les girouettes rouillées qui disaient en tournant : roum, roum, et ça ressemblait à : retourne, retourne. Mais le diable poussait Fanch et il chercha la porte de l’écurie ; découvrit sans peine le clanche de bois, le poussa, et entendit aussitôt Laouïk qui croquait sa paille.

Bon, se dit le vagabond, la Jument-Maigre doit être tout à côté, à gauche. — Et il avança la main à tâtons… Vlan ! — Tiens, elle rue, dit Fanch en se frottant les reins et faisant un demi-tour pour prendre la Gazek autrement. Bien lui en prit, en vérité, car c’était Laouïk qui lui avait envoyé une ruade. Mais il n’avait pas fait quatre pas qu’il tomba sur le nez : ses pieds avaient rencontré comme une grosse trique placée en travers.

— Oh ! oh ! fit le louchard en tâtant : je parie que c’est la Jument-Maigre. — Alors, il saisit le morceau de bois qu’il traîna en dehors. Il lui sembla cependant entendre quelque bruit du côté du manoir, mais il était si occupé de chercher dans sa caboche ce que lui avait dit le sorcier du Drollar, qu’il n’y fit pas attention et continua à marmotter : — Mares et buissons…