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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/132

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FANTÔMES BRETONS


épousa un autre qui avait ses deux yeux, et Fanch le borgne passa le restant de ses pauvres jours à méditer sur son aventure de la jument maigre. D’ailleurs, ses jours ne furent pas longs désormais, car Fanch avait trop d’esprit, comme on dit, et mourut jeune.

— Tu entends bien, Gabik, mon garçon, ajouta le conteur en souriant, faut de l’esprit, mais pas trop, et mieux vaut travailler à pied que de monter la meilleure Gazek pour courir après la fortune. La Gazek treut, vois-tu, c’est comme notre destinée : au moment où nous croyons qu’elle nous porte au but, voilà qu’elle se cabre et nous jette au milieu du bourbier.


Coat-ar-Roch, janvier 1879.