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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/131

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LA JUMENT MAIGRE


Finalement, Fanch alla se plaindre au maudit sorcier du Drollar et lui dit :

— Postek, rends-moi du moins mon argent, puisque ta recette et la Gazek treut ne m’ont servi qu’à barboter dans les mares et à perdre mon pauvre œil, comme tu vois.

— C’est que tu as mal employé ma recette, répliqua Postek, ou mal conduit la jument. Voyons, comment as-tu fait ?

Ma feiz, comme j’allais monter dessus, Lezquipiou est arrivé en colère, et après m’avoir grogné, il m’a dit qu’il voulait me faire épouser Gaïk et de répéter après lui comme ça : À travers mares et buissons…

— Ah ! ah ! ah ! la bonne farce : à travers les mares ; je m’en doutais : ah ! ah !… Et le coquin de rire à se rouler. Enfin il se calma, et pour consoler Fanch, il lui dit :

— C’est ce voleur de Lezquipiou qui t’a joué un tour pendable : mais il n’y a pas grand mal, car je te trouve même plus joli garçon qu’auparavant. Prends donc patience, mon fils ; tout ce que je peux faire pour toi, c’est de te décrotter, afin que Gaïk pense comme moi en te voyant.

Là-dessus, le coquin poussa Fanch sous le déversoir, où la chute d’eau le rendit assez présentable.

— Maintenant, lui dit-il, ton bon père va te reconnaître, et dans trois semaines, pour sûr, Matho t’appellera : Mon fils…

Allass ! trois semaines après, la fille de Mathurin en