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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/148

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FANTÔMES BRETONS


velle, de raconter les nombreux miracles qui remplirent et illustrèrent la vie de ce grand saint, fondateur de l’abbaye de Rhuys. Nous ne l’entreprendrons pas. Notre dessein est plus modeste et se bornera à retracer ici, au milieu de quelques aventures maritimes, les singulières prérogatives dont jouissait, au commencement de ce siècle, le nouvel ermite qui gouvernait la colonie des pêcheurs de l’île de Houat.

Ainsi, le recteur de la paroisse cumulait et cumule peut-être encore toutes les fonctions administratives et judiciaires, sous lesquelles florissent d’ordinaire tous les cantons ruraux : il est officier d’état civil, maire ou adjoint, syndic des gens de mer, capitaine du port, percepteur, notaire, voire même cabaretier ; mais, entendons-nous bien, cabaretier, plutôt pour empêcher que pour inviter à trop boire. Il est aussi, grâce au ciel, le seul juge de sa paroisse, mais c’est un juge de paix dans toute la force du terme ; car on dit qu’il accorde toujours les plaideurs, sans rendre jamais le moindre jugement.

L’île de Houat, située entre Belle-Île et l’embouchure du Morbihan, n’est qu’un aride rocher où de pauvres cabanes donnent asile à un petit nombre de familles de pêcheurs. Au temps de notre récit (vers 1810), le presbytère n’était qu’une cabane un peu moins misérable que les autres. L’église, pareille à un hangar, sans clocher, n’en recevait pas moins sous sa voûte de planches, où gémissait le vent, les prières et les vœux bien fervents des pieux enfants de la mer.

Un peu plus loin, derrière le presbytère, on aperce-