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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/150

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FANTÔMES BRETONS


la chaux, représentaient, tracés au charbon, tous les emblèmes nautiques que l’on peut imaginer, depuis le simple canot jusqu’au vaisseau à trois ponts ; des pavillons, des signaux, des roses de compas ; tous les ustensiles dont on se sert à bord des navires, sans compter plusieurs estampes enluminées et plus enfumées encore, dont la vue électrisait le cœur des vieux loups de mer, en leur rappelant des épisodes des naufrages les plus célèbres et des glorieux combats de Jean Bart et de Duguay-Trouin.

Dans un coin de la pièce on voyait, rangées sur leurs tins, trois ou quatre barriques de cidre et de petit vin blanc de Sarzeau (ce porte-joie des matelots qui ont fait bon voyage). Nous ne parlons pas du baril d’eau-de-vie tenu sous clef dans un petit caveau particulier, lequel n’était ouvert que dans les grandes occasions ; du reste, liquides et comestibles, quels qu’ils fussent, étaient distribués par les mains de la vieille servante du presbytère, nommée Barbane, sous la surveillance immédiate de M. le curé, qui taillait quasi à chacun la pitance, selon ses mérites et ses œuvres.

Enfin, au-dessous d’une lucarne, qui ne répandait qu’un jour douteux, on remarquait une table boiteuse, couverte de papiers poudreux et de quelques bouquins détériorés ; puis, sur la couverture de deux ou trois registres non moins avariés, on lisait, non sans étonnement, des titres tels que ceux-ci : État civil, actes de naissances, de décès, rôles d’équipages, recettes, dépenses… C’était là le siége même de la mairie de l’île de Houat, du syndicat, de la perception, voire même