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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/155

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LE RECTEUR DE L’ÎLE DE HOUAT


la cheminée, où, à la clarté indécise d’une chandelle de résine, elle était occupée à fourbir le grand chaudron et à laver ses vieilles écuelles ; alors, se rapprochant de la table d’un pas plus ou moins cahotant, elle dit aux matelots :

— Allons, vous autres, il est temps de filer vers vos hamacs ; il est huit heures sonnées pour le moins… Dites-leur donc cela, Monsieur le recteur, car c’est une honte que des chrétiens perdent autant de temps à jaser inutilement. Et puis…

— C’est bon, c’est bon, Barbane, interrompit M. Tanguy en souriant ; allez vous coucher, ma brave fille, soyez tranquille, je me charge d’éteindre les tisons ; et vous aussi, camarades, retirez-vous ; priez le bon Dieu pour tous ceux qui souffrent sur la terre ou qui sont exposés sur les flots : confiez-vous à sa miséricorde…

Puis, se rapprochant des deux marins que nous avons déjà nommés, il leur dit trois ou quatre mots à voix basse et ajouta :

— Restez, père Lizon, et toi aussi, Madec, j’ai besoin de vous parler.

Le reste de la société s’éloigna sur-le-champ, en souhaitant le bonsoir au digne pasteur. Barbane les suivit, tout en marmottant entre les dents des prières entremêlées d’interjections inintelligibles. Lizon et Madec, demeurés après les autres, se placèrent sur l’un des bancs du foyer. M. Tanguy s’assit en face, et tous les trois allumèrent leurs pipes en soufflant sur les tisons. Le prêtre rompit le premier le silence.