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Page:Du Laurens de la Barre - Fantômes bretons.djvu/156

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FANTÔMES BRETONS


— Ainsi, Corfmat est de retour, murmura-t-il avec quelque inquiétude. Cela est étonnant ! je ne le savais pas. C’est donc depuis ce matin ?

— On dit qu’un brick, venant des côtes d’Angleterre, l’a débarqué à Belle-Île, il y a trois jours, et cette nuit une chaloupe de Hoëdic l’a jeté sur la cale de Houat…

Et le vieux Lizon ajouta comme confidentiellement :

— Je ne veux de mal à personne, mais Corfmat aurait tout aussi bien fait de rester avec ses amis les Anglais.

— Avec ça, reprit le matelot Madec, qu’il pourrait bien un jour ou l’autre parer une amarre à ces brigands de corsaires et leur vendre l’île de Houat corps et biens.

— Y pensez-vous, mes enfants, dit le recteur ? Ce n’est pas là ce que je crains ; je ne redoute que le caractère violent et la jalousie de Corfmat ; vous devez savoir pourquoi ?

— Oh ! oui, que trop bien ; mais soyez tranquille, on aura l’œil sur lui.

— On verra sur quoi il gouverne.

— Vous me rassurez, mes amis ; au surplus, que la volonté de Dieu soit faite !…

À ces mots, un coup frappé avec violence ébranla la porte de la cambuse.

— Qui est là, dit Lizon ?

— C’est un ami, apparemment, répondit une voix rude que les marins reconnurent aussitôt.